Pourquoi je fais de l'équitation alors que ça me fait peur...

La trouille… je pourrai écrire une thèse sur le sujet ! Déjà, il y a beaucoup de cavaliers qui disent "j'ai peur". Sauf qu'il y a différentes peurs : peur de se louper, peur de se ridiculiser, peur de perdre le contrôle, peur de tomber… Il y a ceux qui ont peur de mal faire, et ceux qui ont simplement peur à cheval. Je fais partie de cette deuxième catégorie (même si je n'aime pas beaucoup me tromper lol… j'en reparle plus tard). Je ne suis pas fière de l'avouer, mais j'ai passé une très mauvaise période, où la seule idée de me mettre en selle me nouait le ventre. Je ne pouvais plus manger et j'ai perdu 5 kg dans l'histoire… on peut se demander pourquoi j'ai continué. Et bien déjà parce que le seul petit moment où ça se passe bien surpasse tous les mauvais, et puis surtout, parce que j'aime férocement mon Océane et que je ne pouvais pas envisager de m'en séparer. Ce n'était pas la 1ere fois que j'avais ce type de problème, c'est un peu récurrent. Gamine, j'ai fait des heures (oui oui, des heures) entières arrêtée au milieu de la carrière, parce que même au pas j'avais trop peur. Les raisons sont multiples : éducation, manque de confiance en moi, mauvaises chutes, etc etc. Mais à la limite, les raisons, on s'en fout. Ce qui compte, c'est de trouver des moyens de dépasser ça. J'ai eu recours à une préparatrice mentale. Elle m'a donné des outils de visualisation, de respiration et de concentration. Et clairement, quand on est concentré sur le travail à faire, il y a beaucoup moins de place pour penser à la peur. Moi, je suis terrorisée à l'idée de perdre le contrôle. Et quand je pars en live, ça n'est pas beau à voir, du tout du tout !!! Ces différents outils m'aident à canaliser ma peur. Je ne dis pas que je suis parfaitement à l'aise (je suis régulièrement pétée de trouille), mais ça me permet d'avancer et d'oser un peu plus qu'avant. Je sais aussi que rien n'est gagné, et que l'hiver est une période très difficile pour moi. Toutefois, le fait d'arriver à me concentrer sur autre chose que "j'ai peur, ouh là là j'ai peur" me permet de progresser : je pose un peu plus mes mains à l'obstacle, j'ose avancer un poil plus (même si je suis encore lente) et je retourne aussi en extérieur. Les balades sont un moyen pour moi de ramener l'équitation au seul plaisir d'être à cheval, et de faire retomber la pression. Je ne suis pas une folle furieuse, je ne fais pas de cross (ça va pas la tête ?!?), mais je me fais plaisir. Pour ça, je choisis soigneusement les personnes avec qui je pars, et je papote tout du long (le papotage, c'est la vie). Pour la respiration et la décontraction, je me suis initiée à la méditation de pleine conscience. C'est assez surprenant au-début ; quand j'ai commencé, je me suis rendue compte que j'étais tendue en permanence, dans tous mes muscles (y compris en-dehors de l'équitation). Ces séances ne prennent pas trop de temps ; ce qui est primodial quand on travaille, qu'on a des enfants et des journées qui ne font que 24 heures. Toutefois, on se rend vite compte que cette pause fait énormément de bien, dans tous les aspects de ta vie. Un autre point primordial : la confiance que l'on accorde à son moniteur. C'est quelque chose qui ne se décide pas. On fait confiance ou on ne fait pas confiance, c'est comme ça, c'est une question de feeling. Au départ, je suis partie du principe que ma coach ne voulait pas tuer ses cavaliers, et que donc elle ne me demanderait pas des choses que je ne peux pas faire. Cela peut paraitre un peu bête, mais ça a été mon point d'entrée. Il arrive bien sûr encore que je n'ose pas faire ce qu'elle me demande, comme mettre un coup de cravache par exemple. Mais néanmoins, j'essaie toujours d'agir. Mes gestes sont peut-être très timides, mais c'est l'amorce de quelque chose. Et à force d'amorcer, on en fait de plus en plus, jusqu'à se rendre compte que, ben ça alors, on a réussi ce foutu exercice qui nous paraissait infaisable. Il y a à peu près 2 ans, je n'étais vraiment pas bien du tout. Ma coach ne m'a pas lâchée, jamais. Même le jour où j'ai fait une crise de nerfs dans la carrière, elle n'a pas abandonné (mais une vraie crise de nerfs hein, du genre avec des cris, des larmes et des tremblements, du très moche pas sexy du tout, tout ça parce qu'Océane avait un peu secoué la tête). A ce moment-là, je voulais juste qu'elle me dise d'arrêter, que je pouvais rentrer à l'écurie. Elle ne l'a pas fait. Aujourd'hui, je ne peux que l'en remercier : même si j'ai souffert comme jamais ce jour-là, le fait qu'elle m'oblige à continuer m'a permis de dépasser quelque chose (un blocage ou un truc du genre). Cela m'a permis de voir (après coup hein, certainement pas sur l'instant : j'ai pleuré pendant des heures après ce cours) que même absolument terrorisée, j'avais réussi l'enchainement sans trop de difficultés. J'ai cette chance d'avoir des moniteurs qui nous soutiennent toujours, pour le peu qu'on essaie de faire les choses. Ils sont toujours là pour nous aider. A nous de les écouter et "d'obéir". Je ne dis pas que c'est facile, quand la terreur prend toute la place dans notre corps et notre tête. Mais ça peut se faire. Et il faut le faire, même qu'un petit peu. On ne trouve pas une équipe d'enseignants comme ça dans tous les clubs (dans la série "j'ai testé pour vous"). Dans beaucoup d'endroits, on te laisse dans ta merde, tant pis pour toi si t'as peur, tant que tu déposes le chèque pour tes cours… Une fois encore, je pense qu'on ne se débarrasse jamais de la peur, mais on peut la dompter. De temps en temps, il y a des rechutes, mais la majorité du temps, on gère. J'ai toujours une appréhension avant de monter à cheval, quoi qu'on fasse (plat, saut, balade…) Je sais ce que ça fait d'avoir envie et de ne pas oser, d'arrêter un exercice parce qu'on a trop peur et de s'en vouloir après de ne pas avoir osé… de sentir que ce n'est pas loin, mais d'abandonner quand même. Je sais qu'on se sent juste tout minable, surtout quand tous les autres réussissent. J'apporte beaucoup d'importance au regard des autres (enfin, j'essaie de moins le faire, mais c'est difficile de devenir adulte). Et quand on panique, on pense à ça, en se disant que les autres vont nous mépriser ou je ne sais quoi. Mais vous savez quoi ? la plupart du temps, les autres sont plutôt désolés pour toi, ou ça leur est égal et ça ne leur pose pas de problème. Quand on est trouillard, quand on redoute de perdre le contrôle, le regard le plus sévère porté sur nous—mêmes est le notre. Imaginez quand je vais en concours : je suis souvent dans les plus vieilles sur mes épreuves (parce qu'elles sont basses), je n'avance pas alors que la plupart des gens voient que j'ai une super jument, je braille au paddock ("verticaaaaal !!!" " oxeeeeerrrr !!!")… et ben au final, j'ai décidé de me moquer de ce que les gens peuvent penser (et j'y arrive presque !) ; je n'ai de compte à rendre à personne, même si je n'ai pas envie de décevoir mes coach, et je viens pour me faire plaisir. Je ne suis pas compétitrice dans l'âme (heureusement d'ailleurs, sinon, vus mes résultats, y'aurait de quoi se flinguer, oups !), je vais juste en concours pour voir ce que je suis capable de faire, et quand je sors d'un tour sans faute et que j'ai eu de bonnes sensations avec mon Océane, ce n'est que du bonheur. Je sais qu'il y aura d'autres cours difficiles, et des cours où je me dirai "oh ben j'y arrive!". Et quoi qu'il en soit, au moins, en me confrontant à ma trouille, et rien que pour ça, je m'estime bien plus courageuse que tous ceux qui ne font rien !

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