Une pétition pour voir mon cheval ? Non merci, sans façon !

Ahlala, les temps sont compliqués ! Et pour les heureux veinards propriétaires de chevaux, s'ajoute au confinement l'impossibilité d'aller voir leur animal s'il est en pension dans un club.

Comme les autres, je suis concernée, et voilà donc un bon bout de temps que je n'ai pas pu papouiller ma jolie Gaia.

Très objectivement, c'est la plus belle de toutes 😁

C'est pourquoi, à l'initiative de quelques uns, de nombreux propriétaires signent une pétition circulant sur internet, et visant à obtenir une dérogation pour aller voir nos chevaux.

Est-ce que je serai contente de retrouver Gaia ? oui.
Est-ce que je vais signer la pétition ? non.

Mais pourquoi donc allez-vous dire ? et bien déjà, parce que j'ai toute confiance en mon club. Depuis le début du confinement et la fermeture des écuries, l'équipe se plie en 12 pour que tout se passe bien. Ne comptant pas leurs heures, ils sont quotidiennement au travail pour subvenir aux besoins de nos chevaux. Nos dadous sortent tous les jours, alternant monte, marcheur, longe, liberté, paddock... Ils ont en plus droit à des pansages plus que complets (incluant le graissage des sabots), sans oublier la distribution de pommes et de carottes.
Et en plus, l'équipe sur place prend le temps de faire des photos et des vidéos et de nous les envoyer tous les jours. Je dis bien TOUS LES JOURS.

Alors, les propriétaires qui disent que c'est dur de ne pas voir son cheval... non, ce n'est pas dur pour vous. C'est dur pour l'équipe qui s'en occupe ; pour nous, ce n'est qu'une question de patience.

Est-ce que ma jument me manque ? Ben évidemment que oui, quelle question ! Mais là, permettez-moi de vous faire remarquer qu'il y a manque et manque. Gaia et Océane me manquent toutes les deux. La différence, c'est que pour Océane, c'est un peu plus qu'un confinement qui nous sépare (cf ici), alors que je sais que je vais retrouver Gaia en pleine forme quand la situation sanitaire s'améliorera.

Je vois sur internet des personnes qui n'ont manifestement aucune confiance dans leur structure... moi, ça m'interroge quand même : ils n'ont pas confiance mais ils y laissent leurs chevaux en temps normal ? y'a pas comme un petit hiatus là ? y'a que moi que ça perturbe ou quoi ?

Par ailleurs, ça fait donc un mois que nous n'avons pas vu nos chevaux. Autour de moi, ceux qui râlent le plus fort sont ceux qui partent régulièrement un mois en vacances. Étrange de constater qu'ils se posent aujourd'hui des questions qui ne les effleurent même pas quand ils sont en train de rôtir à la plage, de crapahuter dans les montagnes ou d'escalader les cocotiers. Il en devient presque surprenant de voir comme  laisser leur cheval à ce moment-là ne leur pose aucun souci ! Comme quoi, quand on choisit de ne pas être là, on voit les choses différemment de quand cela nous est imposé. Pis là, on ne peut même pas aller se faire rôtir à la plage (ni crapahuter en montagne, ni escalader les cocotiers).

Et là, j'entends les plus compétitifs me dire : "tu t'en fous toi, tu fais plus de concours, alors la remise en route, tout ça..."
Alors certes, je ne fais pas encore de concours avec Gaia. Pour autant, croyez-vous que je sois ravie à l'idée de repartir de zéro ? pas vraiment, non...
On sait que les choses sont toujours compliquées pour moi quand je ne monte pas pendant une semaine... alors avec un minimum de 2 mois sans pratique, sur un bébé (rappelons que Gaia vient juste de fêter ses 4 ans) et sachant que ma toute dernière séance (qui n'était pas avec Gaia d'ailleurs mais avec un gentil cheval de club) ne s'est pas bien passée... oui, ça va être compliqué et ça m'emmerde bien. (ouhouh, mes coachs d'amouuuuuur !!!)
Pour autant, j'essaie d'être réaliste : l'année est foutue, ça, c'est fait. On va en baver, c'est une certitude. Mais que vaut-il mieux ? en baver à la reprise, ou attraper l'affreux virus quitte à en mourir, ou alors contaminer quelqu'un d'autre ?

Parce que bon, tout de même, en face de notre envie de voir nos chevaux, il y a des gens qui souffrent, des gens qui meurent, des gens qui auront des séquelles à vie, des familles endeuillées, des enfants qui perdent un de leur parent, des parents qui perdent leur enfant, bref, tout plein de choses pas jolies jolies et bien plus graves que de ne pas voir nos chevaux.

Arrêtons 2 secondes nos conneries : nos chevaux ne vont pas dépérir parce qu'ils ne nous verront pas pendant 2 ou 3 mois... C'est nous qui nous languissons d'eux, pas l'inverse, même s'ils seront sans doute heureux de retrouver le cavalier avec qui ils ont tant d'affinités.

Et puis en plus, cette pétition, je la trouve insultante vis à vis de ceux qui se démènent pour nos chevaux.
Là, j'entends l'argument : "oui mais si on y allait, on allègerait leur travail, on pourrait aider". Mouai. On mettrait surtout un beau bordel dans une organisation bien huilée, tout en prenant le risque d'amener avec nous le virus. Et de ruiner ainsi les efforts collectifs de respect du confinement. Rappelons-le, le but du confinement, ce n'est pas de nous emmerder, c'est de limiter autant que possible la propagation de cette maladie toute pourrie.

Copains propriétaires, vous voulez aider votre club ? là tout de suite, ce n'est pas en allant voir votre monture que vous pouvez le faire.
Par contre, immédiatement, c'est en payant vos pensions que vous pouvez aider et garantir la possibilité aux clubs d'acheter la nourriture et les fourrages. Parce que oui, même quand vous n'êtes pas là, vos chevaux mangent. Si si si, je vous assure !
Et figurez-vous que les charges (loyers, impôts, électricité, eau, assurances etc etc) continuent de peser sur les structures équestres, et ouai !

Dans un deuxième temps, il y aura aussi une autre façon d'aider votre club et de le remercier : en ne réclamant pas le rattrapage des cours perdus.
En prenant le temps de la remise en route, sans vouloir foncer tête baissée dans les concours, comme s'il n'y avait pas eu d'interruption de la saison.
En écoutant attentivement les conseils de ceux qui s'y connaissent vraiment, réellement. Ce ne sont pas ceux que vous pouvez lire sur internet, prônés par tout un tas d'experts auto-proclamés qui ont à peine vu un cheval en colonie de vacances en 1983...
Comment reconnaitre ceux qui s'y connaissent ? Facile : ce sont ceux qui s'en occupent en ce moment.

Et puis, quand les écuries pourront rouvrir, entre 2 bisous à votre équidé d'amour, n'oubliez pas ceux qui sont à fond aujourd'hui, et pensez à leur dire merci...