De l'art d'être mère

C'est parfois si difficile ! il n'y a pas de modèle unique, tout au plus quelques idées intéressantes à prendre ça et là. Il faut accepter que ce jeune être, sorti de notre propre corps, auquel on donne tout, puisse avoir une volonté propre, une personnalité intrinsèque qui nous échappe.

 


Malgré tout ce que cela comporte de dérangeant, on ne peut élever son enfant que par rapport au modèle que l'on a reçu. On peut vouloir soit reproduire, soit au contraire ne surtout pas faire pareil.

J'appartiens à la deuxième catégorie. Et j'ai mal quand je me rends compte, parfois, que j'agis exactement pareil. Je découvre que si, finalement, je suis autoritaire. En même temps, sans autorité, comment guider un enfant ?

Il faut bien lui apprendre que la vie, l'intégration, n'est que le respect d'un certain nombre de règles. Que pour être respecté, il faut respecter les autres et se respecter soi-même.

 Autre difficulté : ne pas transposer sur son enfant nos frustrations... ne pas essayer de revivre à travers lui ce que nous aurions aimé vivre. Savoir se taire et ne pas interférer quand ceux à qui l'on confie notre rejeton agissent... Accepter que d'autres savent - et même parfois mieux que nous - ce qu'il faut faire avec NOTRE enfant.

 S'éloigner, lui laisser du champ, sans pour autant s'en détourner. Trouver sa place est tellement difficile ! Tant de doutes et d'interrogations... Guider ses enfants vers l'autonomie quand nous nous posons sans cesse des questions sur notre propre vie... Assumer nos choix quand ils ont des répercussions sur notre famille... Peut-on encore évoluer socialement quand on a une famille ? comment ne pas être déchirée quand on sort trop tard du boulot, quand on se voit en vitesse, que la soirée passe trop vite entre les devoirs-le bain-le repas-le câlin-le coucher ?

 En même temps, pouvoir leur offrir des vacances, des loisirs, c'est une forme de réponse...

Finalement, être mère, c'est toute la difficulté d'être femme et adulte. Enfant, on imagine qu'être parents est synonyme de liberté. Mais en fait, c'est un asservissement encore plus fort... mais si bon ! En fait, non, ce n'est pas un asservissement, c'est juste une responsabilité. La plus grande de toute, car un enfant n'a jamais demandé à venir au monde. Il nous appartient de lui garantir un épanouissement qui lui permettra de devenir un adulte bien dans ses baskets.

Je crois n'avoir jamais connu de plus grande peur que lorsque mes enfants ont été malades. Je ne connais pas de plus grande souffrance que d'être impuissant à soulager la souffrance, physique ou morale, de ceux qui me sont le plus cher.

Finalement... je crois que me poser toutes ces questions ne prouve qu'une seule chose :

Enzo, Hugo, je vous aime.

 (NB : j'ai écrit ce texte il y a 10 ans... mais il reste vrai, et mon amour pour mes enfants est immuable)

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