"On ne renonce jamais aux chevaux"

La vie n'est pas un long fleuve tranquille parait-il... Il parait également que les coups durs permettent de mieux goûter les bonnes choses (oui enfin bon, si les coups durs pouvaient faire moins mal, ce serait bien aussi hein).

La perte de mon Océane (voir ici ) m'a mis un coup terrible. En plus du chagrin énorme, du manque affreux qu'elle a laissé, je ne digère toujours pas de l'avoir perdue comme ça, de ne pas avoir pu la sauver malgré tout ce qu'on a tenté. Vous allez me dire, c'est comme les humains, il n'y a pas vraiment de justice face aux maladies. C'est vrai, mais ça ne rend pas le truc moins dur à encaisser, et il va me falloir un sacré bout de temps pour digérer le bordel (là, clairement, ça reste coincé, mais alors coincé de chez coincé. Du Destop n'y pourrait rien).

ouai, on était magnifiques en Maya l'abeille


Je parle énormément d'Océane (désolée les gens), mais c'est ma façon à moi d'accepter petit à petit sa disparition, et de me souvenir de tout ce que nous avons vécu toutes les deux. C'était une jument exceptionnelle (et surtout c'était la mienne, ma dadoune à moi, un point c'est tout !).

Après ce genre d'épreuve, on a deux possibilités : soit on abandonne, soit on continue d'avancer.

J'ai choisi de continuer à avancer.

Avant d'aimer Océane, j'aime les chevaux. Je n'envisage pas ma vie sans être à leur contact (et je rappelle à l'aimable assistance que je ne parle pas de niveau équestre ; le niveau, on s'en fout, je veux vraiment parler du contact, de la proximité avec ces bestioles au grand cœur, du papouillage et des distributions de carottes).

J'avais envisagé d'offrir une belle retraite bien méritée à Océane, alors la question de sa succession avait été posée avant sa disparition. C'est ainsi que la jolie petite Gaia est arrivée, le lendemain même du départ d'Océane. Certains trouveront ça rapide ; m'en fiche, moi, ça m'a permis de me tourner vers l'avenir et de voir les meilleurs aspects de ma vie de cavalière alors que je traversais les pires.

Franchement, c'est pas une vraie gravure de mode ? en tout objectivité bien sûr !

 Dès que je l'ai vue, j'ai été séduite par son regard et son attitude. Elle s'est laissée caresser et câliner immédiatement, ce que tous les poulains (elle n'a pas encore 4 ans) n'acceptent pas forcément.

Bon, OK, elle m'a aussi dégommé 3 orteils le premier jour, mais c'est un détail (ça fait mal quand même, ouille !).

Je lui ai expliqué que je traversais un sale moment, et que si j'étais malheureuse ce n'était pas sa faute. Qu'une belle jument avait partagé ma vie et venait de partir, et que c'était pour ça que je n'étais pas au mieux de ma forme. Je lui ai surtout expliqué que même si j'étais triste, j'étais très heureuse de la rencontrer (parait que c'est important de tout expliquer aux animaux... et j'y crois.)

Je parle beaucoup à Gaia, qui semble m'écouter (de toutes façons, y'en a qui pensent que je suis bavarde, alors autant qu'elle s'habitue tout de suite :-D).

Dans la série "comptez-pas sur moi pour prévoir l'avenir", j'avais toujours dit que jamais de la vie je ne monterai sur un cheval qui n'a pas au moins 6 ou 7 ans (ça fait peur quand ils sont petits ces bestiaux)... je crois que je me suis trompée. Je pouvais difficilement faire plus jeune ; finalement, se fixer des limites, c'est très surfait.
Et ben je vais vous dire, même pour une trouillassou comme moi (souvenirs... c'est par ), les premières foulées de pas en longe, les premières foulées de trot et puis de galop, toute seule comme une grande dans la carrière, sur le dos de mon bébé, c'est une joie indescriptible. C'est se réveiller après une mauvaise nuit, c'est s'arracher d'un marécage, c'est arriver sur la terre ferme après un naufrage.. ce sont juste de petits instants de bonheur volés au monde, des moments parfaits (vous voyez ce que je veux dire ? quand les astres sont parfaitement alignés, que le mojito est à volonté, que le policier n'a pas verbalisé pour le stop grillé... ce genre de perfection quoi.)

Gaia et moi prenons le temps de faire connaissance, et c'est le cavalier pro qui l'a fait naitre qui lui apprend le métier. J'aime beaucoup cette idée d'une nouvelle histoire, et j'aime encore plus l'idée de prendre mon temps.
Océane, c'était un coup de foudre, certes, mais elle était aussi un cheval "tout fait", qui connaissait parfaitement ses gammes, et avec laquelle nous avions fixé des objectifs immédiats de concours (on a mis 6 ans à tous les réaliser, mais c'est pas grave, on va pas s'arrêter là-dessus).

Gaia au contraire, c'est une petite jument avec laquelle je ne définis aucun plan : si elle peut sauter, on sautera. Si elle ne peut pas sauter, on dressera. Si elle ne peut ni sauter, ni dresser, on fera de la balade.
S'il s'avère qu'elle a de vraies grosses capacités de saut, elle ira sur de grosses épreuves avec un vrai cavalier (Aurélien, houhou !!!).
[Si elle est une bonne dresseuse, on verra. J'aurai peut-être (j'ai dit peut-être) moins peur de me lancer qu'à l'obstacle, enfin à condition que je me remette au sport (non, le cheval ne fait pas tout tout seul => allez donc relire ce très bon article).]

En clair, Gaia, pour moi, c'est surtout un nouveau cheval à aimer. Je sens qu'elle va elle aussi m'apprendre et m'apporter plein de choses, et tout ce que je lui impose, c'est que nous nous fassions plaisir, en piste, en cours, en extérieur et même au box (et qu'elle épargne mes orteils aussi).

J'entends déjà les plus rêveurs de mes lecteurs cavaliers s'exclamer : "bon sang mais c'est bien sûr ! c'est un poulain qu'il me faut !!!".
Je vais donc être un peu prosaïque : il ne faut pas s'aventurer dans une aventure comme celle-ci sans un encadrement solide. Je bénéficie d'une structure bienveillante, avec des gens confirmés et pédagogues, capables de m'encadrer très sérieusement et capables de gérer un jeune cheval. On ne se lance pas avec un poulain comme avec un cheval confirmé, et ce serait ballot de faire une connerie qui ruine le couple cavalier/cheval. Ou qui traumatise durablement le cheval.

Quoi qu'il en soit, "après la pluie vient le beau temps"... Océane me manque terriblement et je la pleure encore parfois (bon, je m'améliore, je ne pleure plus qu'un jour sur 2 ou 3, faut croire que mes yeux commencent à sécher). Mais je suis sûre qu'elle veille sur moi et qu'elle me souffle de continuer. Et puis de toutes façons, elle fait partie de moi à jamais et elle a sa place réservée dans mon cœur.

Et Gaia m'offre un si grand bonheur que je crois que désormais, je sais pourquoi "on ne renonce jamais aux chevaux"...

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