Une histoire de masque, de gel et de bon sens

 Ah ben oui, j'ai essayé de me retenir, mais finalement ça a été plus fort que moi... faut que je râle un bon coup à propos du covid (oui, je dis LE covid, parce que LA covid, ça ne me plait pas. Désolée pour l'Académie Française, je fais ce que je veux sur mon blog, ahaha).

La première fois que j'ai écrit sur le covid (voir ici), nous avions été confinés peu de temps après. J'ose espérer que ce ne sera pas le cas cette fois, même si je pense qu'on va encore en baver...


oh le beau masque tout blanc !

Avant toute chose, faisons donc un petit récapitulatif chronologique :

- janvier : ah tiens, y'a un truc zarbi en Chine. Pas grave, c'est loin la Chine.

- février : ah tiens, le truc zarbi chinois est en Italie. Bah, l'Italie, c'est pas la France, on s'en fout. Vive le foot.

- fin février : oh là là, oh là là, c'est quoi ce bordel ?

- début mars : il faut fermer les écoles et confiner tout le monde ; confinez-nous bordel !!!

- mars : mais, mais ?!? y'a pas de masque ? donnez-nous des masques !!! et grouillez-vous de sortir un vaccin, viiiite !!!!

- mai : non mais ça va, faut rouvrir les écoles quoi...

- mi-mai : quoi ? rouvrir les écoles maintenant ? non mais ça sert plus à rien

- juin : bon, ça y est, on peut penser à nos vacances ?

- juillet/août : fiestaaaa !

- août : non, on ne mettra pas vos masques, bande de dictateurs liberticides !

- septembre : de toutes façons, le masque ne sert à rien et pis moi j'ai pas peur et c’est un complot et pis c'est tout

- octobre : euh... on va pouvoir partir en vacances ou pas ? pis vous pouvez toujours sortir un vaccin, je ne le ferais pas, nanmého !

BREEEF... comment dire... bah oui, on entend tout et son contraire, de la part d’éminents spécialistes, titulaires de doctorats octroyés via les réseaux sociaux...
Ce qui me plait le plus, c'est que ce sont souvent les mêmes personnes qui réclamaient des masques en mars qui ne veulent plus les mettre aujourd'hui. Si si, regardez sur les murs de vos copains facebook et autres twitters, vous verrez... c'est assez édifiant.

Avant d'aller plus loin, je tiens à préciser que je ne suis pas médecin, pas virologue, pas asthmatologue ni aucun autre titre en "logue". Et je sais que beaucoup vont dire que je suis un mouton, un bisounours, une pro-gouvernement ou encore juste une conne. Grand bien leur fasse !

Reprenons donc tranquillement les fabuleux arguments qui démontrent que le covid n'est rien du tout. Voici un petit florilège de tout ce que j'aime en ce moment :

¤ le nombre de morts : ça, c'est un fait, ces gens sont morts du covid. Alors là, il y en a qui explique que de toutes façons, le nombre de morts augmente tous les ans donc que ces gens ne sont pas morts du covid, ou alors qu'ils allaient mourir dans tous les cas. C'est vrai, on va tous mourir un jour. Personnellement, je ne suis pas pressée.
Par ailleurs, il faudrait voir à ne pas confondre le nombre de morts du covid et la surmortalité. Ben oui, c'est que ce n'est pas tout à fait la même chose. Arrêtez donc de crier au complot là-dessus... peut-être que sur 31000 morts, 25000 seraient morts d’autre chose. Et peut-être qu'ils ne seraient pas morts tout de suite. On n'en saura jamais rien. Il n'empêche que ces gens-là sont bien morts du covid

¤ bah, de toutes façons, ça ne tue que les vieux : effectivement, 9 malades du covid sur 10 en réa ont plus de 65 ans. Et ? est-ce que cela signifie qu'il y a une date de péremption sur les êtres humains ? pourriez-vous m'indiquer à partir de quel âge on peut accepter de laisser mourir des personnes au motif que c’est bon, elles ont fait leur vie, ça va quoi ? 65 ans ? 75 ? 85 ? et sur quels critères ? hein ?
Et donc on fait quoi ? il serait peut-être un peu temps de rendre à nos séniors la place qu'ils méritent dans notre société (qui n'est pas dans les supermarchés le samedi hein 😉) 

¤ 9 patients sur 10 de plus de 65 ans, ça en fait quand même 10 sur 100 qui ont moins... autant vous dire que je n'ai pas très très envie de me retrouver avec un tube dans la gorge et de voir ma vie s'accrocher à un respirateur artificiel. Sans compter que les suites d'une intubation, c’est pas exactement fun.

¤ s'il n'y a plus de place en réa, c'est parce que ça fait 25 ans que les pouvoirs publics ferment des lits : oui, un très grand nombre de lits ont été fermés. Peu importe ce que l'on en pense, on n'a pas aujourd'hui les moyens de les réouvrir (au passage, je salue bien bas tous ceux qui applaudissent depuis longtemps les réductions des moyens publics car ces salauds de fonctionnaires coûtent trop chers, et qui se plaignent aujourd'hui des résultats). Donc, le fait est qu'aujourd'hui, on commence à être un peu à l'étroit en réa... faut-il alors se contenter de dire que c’est la faute de l'Etat, et donc que ce n'est pas à nous, pauvres citoyens, d'adopter des gestes simples qui pourraient limiter la propagation du virus ? 
si je suis ce raisonnement, si je vois quelqu'un gravement blessé sur le bord de la route, je ne m'arrête pas et je n'appelle pas les secours, puisque je ne suis pas responsable de son état. Mouai.

¤ je ne connais personne qui soit mort du covid, donc le covid n'existe pas : moi, je ne connais personne qui soit mort dans un accident d'avion. Les accidents d’avion n'existeraient donc pas ?
 
¤  bah de toutes façons, on meurt beaucoup plus du cancer que du covid : et donc ? c'est une bonne raison pour ne rien faire ? Vive la sélection naturelle et Dieu reconnaitra les siens ? c'est ça la logique ?

¤ je suis cas contact à risque, je n'ai pas de symptômes, je ne vois pas pourquoi j'irai me faire tester : OK, le farfouillage de nez n'a sans doute rien de rigolo, mais bon... se faire tester, c'est pour la même raison qu'il faut mettre une capote pour crapuler : ni toi, ni ton partenaire n'avez de symptômes, et pourtant, chacun de vous peut refiler à l'autre plein de trucs sympas : SIDA, hépathite, blénno, etc etc.

¤ je suis cas contact à risque, je m'en fous, je vais faire la fête quand même : ouai, super idée ! plutôt que de rester 10 jours un peu isolé, tu vas prendre le risque de contaminer tes potes -ou les inconnus qui seront présents. Et accessoirement, ça permettra de contaminer ta grand-mère de 85 ans, ton oncle asthmatique ou ton cousin Bob qui n'a plus de rate depuis un accident de moto en 1995. Le point commun ? ils courent tous les 3 le risque de développer une forme grave de covid (l'âge de ta grand-mère, l'asthme de ton oncle ou l'absence de rate, qui crée une sensibilité accrue aux infections pulmonaires, sont des facteurs aggravants).

¤ ah mais moi, je refuse que l'école isole mes enfants et les fasse tester : rigolez pas, ça fleurit sur les réseaux sociaux... cette espère de rumeur selon laquelle les écoles feraient du mal aux enfants. Non mais sérieux, comment peut-on imaginer qu'on va expédier des élèves dans des ghettos, ou que l'école va s’amuser à les envoyer dans des labos centres de tests ? on va peut-être leur inoculer la 5G tant qu'on y est ! ouhou, ça vous arrive de réfléchir ou comment ça se passe ? vous savez qu’en vrai, l'école va vous appeler et vous demander de ne pas mettre votre enfant en classe, et que le choix du test vous appartient... si si, je vous assure !

¤ le masque ne sert à rien : ben quand même, il permet rudement de limiter les échanges de gouttelettes microscopiques qui servent de moyens de transport pour le virus (et d'autres d'ailleurs, y'a pas que le covid-19 qui se déplace comme ça...)
 
¤ on n'a jamais vu une crise aussi mal gérée : en même temps, on n'a jamais vu une crise pareille. 

¤ oh là là, oh là là ! je suis une personne fragile, j'ai mangé avec mon collègue sans distanciation et il est positif, j'ai peuuur !!! : euh... tu pouvais pas faire attention avant ? on est  fragile, on veille à la distanciation lorsque le port du masque n'est pas possible. Cela n'empêche pas d’avoir une vie sociale, ça veut juste dire qu'on s'adapte.

¤ on n'a pas le droit de se rassembler, mais le métro parisien est bondé : petit rappel, dans les transports en commun, tout le monde porte un masque. Vous êtes masqués à l'anniversaire de Tonton Albert ?

Soyons clairs. Est-ce que je trouve la gestion de crise toujours cohérente ? non, pas forcément. Pour autant, faudrait arrêter de se plaindre de la situation actuelle : la crainte du rebond était évoquée dès mars, et les rappels sur la nécessité des gestes barrières nous ont abreuvés tout l'été (même sur les panneaux lumineux des autoroutes). Ne venez pas dire maintenant qu'on n'était pas prévenus !!!
Les restaurateurs qui disaient ne pas vouloir obliger les clients à porter un masque et qui aujourd'hui supplient pour ne pas être obligés de fermer, c'est cohérent ? Il y a beaucoup de choses qu'on ne maitrise pas, mais faudrait au moins être cohérents avec nos propres décisions, nos propres choix.

Est-ce que ça m'éclate de porter un masque quand je suis seule avec mon cheval ? ah ben non, pas du tout (c'est gênant pour lui faire des bisous 😎)
 
Est-ce que ça me plait de voir que mes copains ne peuvent pas faire la grande fête de baptême qu'ils avaient prévu pour leur enfant ? non plus.

Est-ce que ça me plait de voir que mon fils, en 1ere année de fac, n'a vu aucune personne "en vrai" depuis la rentrée, n'a aucun contact humain avec les gens de sa promo et ne vit pas une vie d'étudiant ? sûrement pas (et je ne parle même pas de l’organisation de la fac qui semble être plus une machine à décrochage plutôt qu'un vecteur de réussite... mais c'est un autre sujet.)

Est-ce que ça me plait de ne pas embrasser mon Papa de 88 ans lorsque je vais le voir ? je crois qu'il n'est même pas nécessaire que je réponde.

Est-ce que ça me plait de voir les copains qui perdent leur boulot à cause de la crise sanitaire ? est-ce que ça me plait de voir l'énorme crise sociale pointer son nez ? bah non. (d'ailleurs, parmi les grands protestataires anti-masques, combien voient ces effets sociaux désastreux ?)

Sauf que... il y a eu des règles souples, et nous n'avons pas été capables de les respecter, d'avoir le minimum de bon sens et de réflexion à ce moment-là. 
Aujourd'hui, les règles se durcissent, on en paye tous le prix. Peut-être que certains choix n'étaient pas les bons, sauf qu'on ne le saura jamais puisque nous n'avons pas été foutus de suivre des consignes simples.
Bien sûr, quand je dis "nous", c'est une image... je constate simplement que ceux qui se plaignent le plus aujourd'hui sont ceux qui se targuaient le plus cet été de ne pas suivre les règles et de ne faire que ce dont ils avaient envie. Relisez la cigale et la fourmi... "et bien, dansez maintenant".

En résumé : est-ce si dur de porter un masque ? est-ce si dur de se laver les mains ? d'aérer son bureau et son logement ? d'éviter les embrassades ?
Je crois qu'il est beaucoup plus dur de mourir... Surtout du covid, je vous rappelle que ce n'est pas une mort hyper sympathique hein. On meurt très peu du covid ? OK, je m'en souviendrais quand vous, anti-masque, pro-rassemblements etc, vous pleurerez un proche embarqué par le COV-SARS-2...

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